Choc culturel et adaptation
À votre arrivée dans un nouveau pays, il est normal que vous passiez par différentes phases d’adaptation à votre nouvel environnement. Ces phases caractérisent le «choc culturel» et le processus d’acculturation, à travers lesquelles vous pourriez vous questionner sur votre identité, ainsi que sur la culture de votre pays d’accueil. Afin de vous accompagner dans cette démarche parfois complexe, voici quelques concepts importants à considérer.
Le concept de culture
Bien que différentes définitions de la culture coexistent, le contexte actuel nous permet de la définir de la façon suivante:
La culture se définit comme étant une création sociale humaine pouvant être transmise par le langage, les conventions, la socialisation et les institutions sociales aux autres individus.
Wong & Wong, 2006Elle influencerait donc l’identité individuelle d’une personne qui à son tour influencerait la culture.
Drouin, 2020En ce sens, la culture caractérise généralement l’ensemble des valeurs, des idéaux, et de la formation et l’utilisation des conceptions partagées entre les personnes d’un même regroupement culturel.
Brislin, 1990La vision et la compréhension de soi et des autres, ainsi que l’importance accordée à l’individu ou à sa collectivité varient donc d’une culture à l’autre.
Markus et Kitayama, 1991
Le «choc culturel»
Puisque l’ensemble des valeurs, des idéaux et des conceptions peuvent varier grandement d’une culture à l’autre, vous pourriez, en fonction des facteurs qui vous sont personnels (tels que le pays de provenance, la distance entre vos valeurs et celles de votre pays d’accueil, le type d’accueil qui vous est réservé par votre nouvel environnement ou votre capacité d’adaptation) expérimenter un choc culturel plus ou moins important dès les premiers jours de votre arrivée, ou plus tard durant votre séjour au Québec.
Le choc culturel implique généralement 4 phases d’adaptation pouvant être courtes ou longues selon votre profil personnel et votre nouvel environnement. La 1re phase, nommée «Lune de miel», est caractérisée par l’intérêt, l’euphorie et une idéalisation de la personne envers la nouvelle culture.
La 2e phase, «La crise», se caractérise par de la souffrance émotionnelle et psychologique. Durant cette phase, il se pourrait que vous critiquiez négativement la nouvelle culture et la dévaluiez.
La 3e phase, «L’ajustement», implique un ajustement progressif à la nouvelle culture et au nouvel environnement, pour en venir à la dernière étape, soit «L’adaptation» à cette nouvelle culture (Hofstede et al., 2010; Oberg, 1960).
Vous pourriez vivre des symptômes tant physiques (manque d’appétit, manque d’énergie, etc.) que psychologiques (manque de motivation, isolement, confusion, etc.) de ce choc culturel, mais sachez qu’il s’agit d’une phase nécessaire à votre adaptation qui, sans en nier la complexité, vous permettra de vivre une expérience enrichissante et formatrice (CAPRES, 2019).
Le concept d’acculturation et de stress acculturatif
Bien que l’atteinte de la phase d’adaptation soit souvent visée, vous constaterez que certaines valeurs, certains comportements ou que le fonctionnement social, tant de votre nouvel environnement que de celui dont vous provenez, peuvent vous convenir ou non, correspondre à vos idéaux et vos attentes, ou en être bien loin!
Vous passerez alors par le processus d’acculturation pouvant vous mener vers différentes orientations individuelles. Lorsque l’on parle de stratégies d’acculturation, l’on implique soit l’intégration, l’assimilation, la séparation ou la marginalisation. Alors que l’assimilation, la séparation et la marginalisation visent plutôt un rejet d’une des deux cultures, l’intégration elle, consiste en l’acceptation de la culture d’accueil tout en conservant l’intégrité de sa culture d’origine.
Celle-ci permettrait de développer une double compétence de l’individu à interagir dans plus d’une culture tout en conservant la possibilité d’avoir des ressources issues de plusieurs cultures (Sam & Berry, 2010). Le processus d’intégration, durant lequel vous procéderez à la création d’une nouvelle culture vous étant propre et correspondant à vos besoins et vos valeurs, devrait favoriser votre adaptation à votre environnement actuel.
Bien que ce processus puisse engendrer un stress positif ou négatif en raison des multiples questionnements identitaires qu’il engendre, il vous permettra, à court, moyen et long terme, de retrouver un équilibre vital à votre bien être physique et psychologique.
Éléments à considérer
Individualisme versus collectivisme
En fonction de votre pays de provenance, il se peut que le Québec puisse vous sembler froid et hostile, ou, au contraire, très chaleureux. Cela variera en fonction de l’aspect individualiste (qui favorise le bien-être individuel) ou collectiviste (qui favorise le bien de la collectivité) de votre pays de provenance. Le Québec se situant plutôt dans l’axe individualiste (Drouin, 2020), vous pourriez vous questionner au sujet des relations sociales et votre place dans la société. Il s’agit d’un élément culturel important à considérer afin de bien comprendre le comportement de certaines personnes québécoises. Bien que cela puisse sembler être un refus d’approcher l’autre, il s’agit en fait, généralement, d’une marque de respect de votre intimité que de ne pas poser de questions personnelles ou de ne pas aborder des personnes peu connues.
Il ne s’agit, ici, que d’un exemple de comportement auquel vous pourriez potentiellement faire face. Si vous avez besoin d’accompagnement pour mieux saisir la culture québécoise, vous pouvez prendre rendez-vous avec le service d’accueil et d’intégration du Bureau de la vie étudiante. Si cela engendre une détresse psychologique, n’hésitez pas à consulter votre intervenante ou intervenant de proximité en faculté.
Durée de la création des relations
La création de nouvelles relations peut prendre du temps! Selon Hall (2019), la création d’une amitié peut nécessiter environ 50 heures passées ensembles. Une bonne amitié prendrait près de 140 heures et une réelle relation de confiance avec une personne pour devenir de meilleures amies pourrait prendre plus de 300 heures.
Ce nombre d’heures peut également varier en fonction des besoins de chaque personne et de leurs intérêts à bâtir une nouvelle relation. Ainsi, bien que cela ne constitue pas nécessairement votre priorité durant les sessions universitaires, il est nécessaire de participer à des activités sociales vous permettant «d’accumuler ces heures» avec des personnes qui pourront dorénavant faire partie de votre réseau social. Un bon réseau social constitue généralement une aide précieuse dans votre intégration.
Le Bureau de la vie étudiante vous propose différentes activités sociales, telles que les activités sur le campus et les activités de découverte du Québec. Le Programme de jumelage peut également être une bonne source de création de liens avec une marraine, un parrain ou une personne parrainée. La Ville de Québec et divers organismes communautaires offrent également plusieurs activités. Consultez notre page S’installer à Québec pour en avoir des exemples.
Réflexions et identité
Ce processus de réflexion pourrait être confrontant puisque vous pourriez vous questionner au sujet de vos valeurs et comportements et les comparer à ceux de la culture du pays d’accueil.
Durant ce processus, il est important de conserver à l’esprit que, ni votre culture d’origine, ni la culture de votre nouvel environnement ne représentent la perfection. Le plus important est de ne pas oublier qui vous êtes!
En accomplissant vos études à l’extérieur de votre pays d’origine, vous aurez l’opportunité (et devrez) créer une nouvelle culture, issue de vos expériences passées et présentes, qui vous représentera davantage et qui conviendra à vos besoins et attentes. Si vous rencontrez des difficultés durant ce processus réflexif, n’hésitez pas à consulter les ressources d’aide mises à votre disposition par l’Université Laval:
- Le Bureau de la vie étudiante offre un service de consultation en accueil et intégration visant à répondre à certaines interrogations sur les fonctionnements administratifs de l’Université Laval et les interactions sociales au Québec.
- Le Centre d’aide aux étudiants offre des services de psychologie, d’orientation, de soutien aux personnes en situation d’handicap, d’accompagnement dans l’apprentissage et la réussite et d’intervenantes et intervenants de proximité en faculté et aux résidences.
SOURCES
- Brislin, R. W. (1990). Applied cross-cultural psychology. Newbury Park, CA: Sage.
- CAPRES (2019). Étudiants internationaux en enseignement supérieur.
- Drouin, D. (2020). Le stress acculturatif chez les étudiants internationaux : une recension systématique des écrits scientifiques (PDF). Édiscope, (12).
- Hall, J. A. (2019). How many hours does it take to make a friend? Journal of Social and Personal Relationships, 36(4), 1278-1296.
- Hofstede, G., Hofstede, G. J., & Minkov, M. (2010). Cultures et organisations : comprendre nos programmations mentales (3e éd., traduit par J. Y. Cotté). Paris, France: Pearson Education.
- Markus, H.R., & Kitayama, S. (1991). Culture and the self: Implications for cognition, emotion, and motivation. Psychological Review, 98 (2), 224–253.
- Oberg. K. (1960). Cultural shock: Adjustment to new cultural environments. Practical Anthropology. 7 (4), 177-182.
- Sam, D. L., & Berry, J. W. (2010). Acculturation: When individuals and groups of different cultural backgrounds meet. Perspectives on Psychological Science, 5 (4), 472–481.
- Wong, P. T. P., & Wong, L. C. J. (2006). Handbook of multicultural perspectives on stress and coping. New York, NY: Springer.